Légendes de l'Aède

Série des nombres

Dans les textes mythologiques comme dans les légendes de nos terroirs, nous trouvons une petite histoire singulière : un personnage sage, souvent étrange, parfois même un diable interroge une personne sur ce que signifient les nombres, de 1 à 12.
Cette anecdote souvent incluse dans une légende ou une épopée, apparaît dans l’ensemble du vieux continent, de l’Europe à l’Asie, en passant par l’Afrique du nord.
Cette série des nombres pourrait être un système mnémotechnique, prouvant par là les capacités d’un jeune homme envoyé, par exemple, pour accomplir un « haut fait », ou plus exactement un enseignement initiatique ou ésotérique.


Les druides, représentation fantaisiste de Neuville au XIXe siècle

Pour mieux éclairer notre lanterne, lisons d’abord une première légende dans laquelle ce thème est évoqué :
Il s’agit d’une légende bretonne de Hersart de la Villemarqué que l’on peut trouver dans le
"Barzhaz Breizh"
(compilation de textes oraux collectés par cet auteur breton, et publiés vers 1860) (1).


dessin de Sabran illustrant une scène religieuse autour d'un calvaire au XIXe siècle

Le Druide:
Tout beau, bel enfant du Druide ; réponds-moi; tout beau, que veux-tu que je chante ?
L'enfant:
— Chante-moi la série du nombre un, jusqu'à ce que je l'apprenne aujourd'hui.
Le Druide
— Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus.
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre deux, jusqu'à ce que je l'apprenne aujourd'hui.
Le Druide
— Deux bœufs attelés à une coque; ils tirent, ils vont expirer; voyez la merveille !
Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus.
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre trois, etc.
Le Druide
— Il y a trois parties dans le monde : trois commencements et trois fins, pour l'homme comme pour le chêne.
Trois royaumes de Merlin, pleins de fruits d'or, de fleurs brillantes, de petits enfants qui rient.
Deux bœufs attelés à une coque, etc. La Nécessité unique, etc.
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre quatre, etc.
Le Druide
— Quatre pierres à aiguiser, pierres à aiguiser de Merlin, qui aiguisent les épées des braves.
Trois parties dans le monde, etc ……..
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre cinq, etc.
Le Druide
— Cinq zones terrestres : cinq âges dans la durée du temps; cinq rochers sur notre sœur. Quatre pierres à aiguiser, etc…………
L'enfant
— Chante-moi
la série du nombre six, etc.
Le Druide
— Six petits enfants de cire, vivifiés par l'énergie de la lune; si tu l'ignore, je le sais. Six plantes médicinales dans le petit chaudron; le petit nain mêle le breuvage, son doigt dans sa bouche.
Cinq zones terrestres, etc…


Dessin de Uriet pour livre d'enfant

L'enfant
— Chante-moi la série du nombre sept, etc.
Le Druide
— Sept soleils et sept lunes, sept planètes, y compris la Poule. Sept éléments avec la farine de l'air .
Six petits enfants de cire, etc….
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre huit, etc.
Le Druide
— Huit vents qui soufflent; huit feux avec le Grand Feu, allumés au mois de mai sur la montagne de la guerre. Huit génisses blanches comme l'écume, qui paissent l'herbe de l'île profonde; les huit génisses blanches de la Dame.
Sept soleils et sept lunes, etc…..
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre neuf, etc.
Le Druide
— Neuf petites mains blanches sur la table de l'aire, près de la tour de Lezarmeur, et neuf mères qui gémissent beaucoup. Neuf Korrigans qui dansent avec des fleurs dans les cheveux et des robes de laine blanche, autour de la fontaine, à la clarté de la pleine lune. La laie et ses neuf marcassins, à la porte de leur bauge, grognant et fouissant, fouissant et grognant; petit ! petit ! petit ! accourez au pommier ! le vieux sanglier va vous faire la leçon.
Huit vents, etc….
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre dix, etc.
Le Druide
— Dix vaisseaux ennemis qu'on a vus venant de Nantes : malheur à vous ! malheur à vous ! hommes de Vannes ! Neuf petites mains blanches, etc.
Huit vents, etc….
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre onze, etc.
Le Druide
— Onze Prêtres armés, venant de Vannes, avec leurs épées brisées; et leurs robes ensanglantées; et des béquilles de coudrier; de trois cent plus qu'eux onze.
Dix vaisseaux ennemis, etc.
L'enfant
— Chante-moi la série du nombre douze, jusqu'à ce que je l'apprenne aujourd'hui.
Le Druide
— Douze mois et douze signes; l'avant-dernier, le Sagittaire, décoche sa flèche armée d'un dard. Les douze signes sont en guerre. La belle Vache, la Vache Noire qui porte une étoile au front, sort de la Forêt des Dépouilles; Dans sa poitrine est le dard de la flèche; son sang coule à flots; elle beugle la tête levée : La trompe sonne; feu et tonnerre; pluie et vent; tonnerre et feu; rien; plus rien; ni aucune série !
Onze Prêtres armés, etc. Dix vaisseaux ennemis, etc. Neuf petites mains blanches, etc. Huit vents, etc. Sept soleils et sept lunes, etc. Six petits enfants de cire, etc. Cinq zones terrestres, etc. Quatre pierres à aiguiser, etc. Trois parties dans le monde, etc. Deux boeufs, etc. Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus.


Photo du détail d'une boucle de ceinture celte

Surprenant n’est-ce pas ?
Les spécialistes s’entendent sur le fait que chaque élément spécifiant un nombre, est rattaché à des faits culturels ou historique de la Bretagne. Tout homme ou toute femme de Bretagne les connaissant signifiait ainsi son appartenance effective à cette terre de vent et d’embruns et sa capacité de mémoire, ainsi que son initiation aux mystères druidiques.
Les éléments historiques sont avérés à partir du nombre dix, et peuvent semble t-il, être rattachés à un fait connu. Mais les premiers nombres paraissent plus conformes à une cosmologie empruntant des symboles culturels liés au monde celte, dont nous ne savons que peu de choses. Certains auteurs supposent que dans cette série ont peut déceler une influence chrétienne provenant du clergé. Les religieux auraient interprété le nombre douze en fonction des disciples du Christ, et le un, correspondrait au monothéisme chrétien. Cet aspect est avéré dans la seconde version ci-dessous.
Nous trouvons effectivement ce même thème dans la culture basque, profondément lié à la religion catholique. Ce thème va nous ouvrir la porte à un ensemble de contes-types. Mais voyons d’abord, le contenu de cette légende Basque(2) avec un petit extrait :


Photo d'une stèle basque du cimetière d'Ainhoa

Les douzes mystères ou vérités
Un homme part chercher fortune. Un seigneur rouge l’accueille et lui demande de deviner les douze mystères. Si le pauvre homme répond à toutes les énigmes, le seigneur rouge lui donnera beaucoup d’argent, sinon le pauvre homme deviendra son esclave. Saint pierre l’aide dans cette tâche en répondant à sa place.
Voici la réponse : Les douze sont les douze apôtres ; Les onze, les archanges ; Les dix, les dix commandements de Dieu ; Les neuf, les réjouissances de la mère vierge ; Les huit, les cieux ; Les sept, les lumières ; Les six, les ordres ; Les cinq, les joies de Jésus Christ : Les quatre, les évangiles ; Les trois, les vierges ; Les deux, les deux autels de Jérusalem ; Un seul est mon dieu, c’est lui que j’aime et non pas toi ! 
Après une autre tentative, le seigneur rouge, (le diable), prend la fuite.


Dessin de livre d'enfants

Il est évident dans cette version que la religion catholique, a effacé les symboles bien plus anciens que contenait ce thème, comme elle a éradiqué toute forme de religion païenne, et détruit les lieux de cultes anciens en les remplaçant parfois par ses propres édifices et cultes pour les saints.
Dans cette variante, nous trouvons un personnage : le diable, qui nous introduit à plusieurs contes-types, et à d’innombrables petits contes folkloriques. Ainsi la légende basque est classée comme conte-type 812, intitulé : "les énigmes du diable", mais les Contes-Type suivants : 500, 756b, 811, sont très proches de ce thème, car l’élément central de ces histoires est un contrat passé avec le diable.
Examinons le classement de ces contes-types et leurs spécificités :
le n°500, intitulé : "le nom de l’aide" a pour thème un contrat effectif avec le diable ; si le héros se souvient du nom du diable, il aura la vie sauve pour lui et/ou ses enfants, ou il retrouvera sa liberté, ou encore sauvera son âme. Dans une variante à ce CT, le héros doit trouver – non pas le nom – mais l’âge du diable.
Le 756b, intitulé : "le contrat du diable", désigne plusieurs histoires définies par une alliance avec le diable, par exemple : - un couple sans enfants promet s’il a un enfant ( grâce au diable) de le lui donner à l’age adulte.
Le CT 811a s’intitule "l’enfant promis au diable et sauvé". Ce CT 811a est une autre variante directe de la précédente, avec une fin différente, mais sans que l’histoire change de sens.
Avec notre légende Basque, CT 812, nous trouvons dans toutes ces configurations, une forme de contrat entre le diable et un héros, avec la nécessité de répondre à une énigme ou de tenir sa promesse, ce qui n’empêche pas, le héros, d’exercer sa ruse pour son propre salut.
Nous trouvons, ainsi, notre série des nombres, liée à un contrat particulièrement important, justifiant l’intégrité morale, culturelle et physique du héros. Au centre de ce « traité » apparaît la nécessité de la Mémoire : la nécessité de se souvenir des notions importantes pour sa sauvegarde, son lien culturel, son appartenance au groupe.
N’oublions pas non plus la force ou le pouvoir du nom : nommer une chose signifie avoir pouvoir sur cette chose ; la vibration magique du nom est un des savoirs de l’ésotérisme. Ce CT 500 rappelle ce pouvoir …

Nous allons voir que cette série des nombres va beaucoup plus loin encore, et les séries suivantes vont peut-être nous permettre d’éclairer le sens de cette devinette, au delà des symboles propres à une culture spécifique. C’est ce sens profond, cette mémoire, et sa raison d’être qui nous intéresse plus que le décryptage des symboles de chaque culture.
Remontons dans le temps et examinons une autre série :


Dessin de livre d'enfants

Il ajouta : « Ô Arabes! Vous dont les esprits sont fermés et bornés, voyons, qui, parmi vous, peut me poser une question ? » Face à lui, le Juge Badr se leva; c'était le magistrat de la tribu de Hilal. « Si à présent, je t'interroge, Bou Bchara, peux-tu me donner une réponse ? - Qui sont les uns, les deux, trois, les quatre, les cinq, les six, les sept, et les huit, les neuf, les dix, les onze, et les douze? »
- « L'unique, c’est Dieu, les deux, le ciel et la terre, les trois, les serments de répudiation, les quatre sont les imams, fondateurs de rites, cinq sont les temps de prière, les six sont les jours durant lesquels le monde fut créé, les sept qui viennent avant les huit sont ceux qui soutiennent le trône divin, les neuf sont les neuf êtres vivants qui ruinent la terre ou lui confèrent une dignité, neuf êtres doués de vie qui ravagent constamment la planète, les dix sont les Compagnons du Prophète et lui est le onzième; les onze sont„ les douze sont les mois de l'année. » Le Juge demeura étonne dit : "Mais, dans cet homme il y a un érudit!"

Cette histoire est extraite d’une épopée datée du XIéme siècle : "La geste Hilalienne". Elle décrit les mésaventures d’une tribu arabe à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, après la conquête musulmane. (3)

Nous trouvons ici une explication des nombres en fonction des symboles liés à la culture et surtout à la religion musulmane de cette tribu arabe. Remontons encore le temps et voyageons au confins de notre monde antique…
Plongeons un moment dans la mythologie Japonaise. Voici ce que nous présente Jean Herbert, dans son étude des divinités japonaises (4), à propos des dix premiers nombres :
La série classique des dix premiers nombres est supposée être en rapport avec les dix trésors divins.
1/= Hi, qui se prononce comme les mots désignant le soleil et le feu, se réfère à la Source originelle unique; c'est la grande force de l'univers.
2/ = Hu, signifie jaillir avec force. La syllabe fu vient du verbe fukumu, au sens de « contenir ». La force hi, qui est l'éther divin, se divise et produit un jaillissement, c'est-à-dire donne la dualité première. Hu est donc en réalité une force séparatrice.
3/ = Mi, se prononce comme le mot désignant le fruit, ou comme Ia première syllabe du verbe minoru, « porter des fruits ». Cela signifie que les deux éléments qui se sont séparés se réunissent pour pro­duire un fruit complet. Le mot signifie également vérité, fidélité, contenu.
4/ = Yo, se prononce comme le mot qui désigne un nœud dans un bambou. Il signifie le monde, et par conséquent ce qui ajoute au fruit une force spirituelle.
5/ = I, est le second i du mot mi-itsu, qui signifie vertu ou gloire, plus particulièrement lorsqu'on parle de l'Empereur ou de l'Ab­solu. C'est à proprement parler la Volonté du Divin et l'action de cette Volonté.
6/ = Mu, vient de musubi ou musubu, lier ensemble. C'est la même syllabe que l'on retrouve dans koke-musu, qui désigne la mousse, ce qui pousse de la terre, ce qui ajoute un lien intime, une force spirituelle naturelle et sacrée.
7/ = Na, est la première syllabe des verbes naru, devenir et nasu, faire; elle implique les mêmes concepts que ces deux verbes.
8/ = Ya, est composé de i+a. Il est étroitement relié, soit à ya masu-masu, de plus en plus, soit à iyo iyo, à partir de maintenant, ou, à la fin. Il indique le développement.
9/ = Ko, est la dernière syllabe de miyaka et signifie : former bloc, concentrer.
10/ = To, est Ia première syllabe de tokoro, emplacement, de togeru, accomplir, et de tomaru, s’arrêter. Il indique ce qui est complet et parfait. »

Cette série issue du lointain pays du soleil levant, diffère des précédentes, car elle se réfère sans conteste à une cosmogonie, et donc, au macrocosme. Mais elle pourrait également être transposé pour le microcosme de l’homme et servir d’enseignement initiatique intérieur, à condition d’être étendue jusqu’au nombre douze, (signe véritable d’une initiation). Nous trouvons dans cette série des concepts plus abstraits que dans les précédentes, mais également bien des ressemblances.


illustration de livre d'enfants

La science « ésotérique » qui s‘attache aux nombres est donc très ancienne et pleine d’un savoir qu’il nous faut reconnaître, si nous sommes, ou voulons devenir un humain conscient de lui-même. C’est semble t-il la leçon des anciens… reconnaître (provenant du latin, naître avec) le lien qui nous unit aux forces de l’univers. Avoir la maîtrise de ses forces est essentielle, mais à condition de garder à l’esprit l’humilité, l’équilibre et de connaître la place de l’homme dans le vaste plan divin.


Page aux 10 médaillons du livre de Durrows

Enfin, voici l’histoire qui a déclencher cette étude, et qui à suscité le raisonnement que nous avons suivi.
Cette histoire provient des textes irlandais, (5) créé avant notre ère et mis par écrit, au début du Moyen-âge par les moines copistes. Il s’agit en fait d’un exorcisme :
Le roi Cathal est possédé d’un démon de gloutonnerie (et d’égoïsme forcené), qui lui fait engloutir tous les biens de son pays. Le "sage" ou druide Mac Conglinné promet à ses vassaux de le libérer de ce démon. Il se rend à la cour du roi et aiguise ses dents contre une pierre, frénétiquement, comme s’il devenait fou, ce qui entraîne la demande du roi…
« Qu'est-ce qui te rend fou, ô étudiant ? dit Cathal.
- Deux choses, dit Mac Conglinné : Cathal, le très beau de Finguiné, grand-roi défenseur de l'Irlande, homme ordonné de Dieu et des éléments. Et je suis peiné de le voir seul manger, et s'il y avait ici des hommes des pays lointains à présenter une requête ou à demander un présent, ils t'incrimineraient de ce que ma barbe ne remue pas en même temps la tienne.
- C'est vrai, dit Cathal, en lui donnant une pomme.
Depuis les trois demi-années que le démon était dans la gorge de Cathal, celui-ci n'avait pas accompli un seul acte d'humanité comme de donner une pomme sauvage, ce qu’il vient de faire pour Mac Conglinné.
Deux valent mieux qu'un dans la sagesse, dit Mac Conglinné. Cathal lui en jeta une autre.
Le nombre de la Trinité ! dit Mac Conglinné. Cathal lui en donna une.
Les quatre livres de l'Évangile d'après le Testament du Christ ! Cathal lui en offrit une.
Les cinq livres de Moïse d'après les dix commandements de la loi ! Il lui en donna une.
Le premier article numéral, qui consiste en ses parties et en ses divisions : le nombre six; car la moitié en est trois, et le tiers deux. Donne-moi le sixième! Cathal lui jeta une pomme.
Les sept prophéties sur ton Dieu ici-bas : sa conception, sa naissance, son baptême, etc. Il lui vient une pomme.
Les huit béatitudes de l'Évangile, ô prince aux jugements de roi ! Il lui en donna une.
Les neuf ordres de Ciel, ô champion royal du monde ! Il lui vient une pomme.
Le nombre imparfait des apôtres après la faute ! Il lui en jeta une.
Le nombre parfait des apôtres après la faute, bien qu'ils eussent commis une transgression! Il lui en présenta une.
Le triomphe au-dessus des triomphes et le nombre parfait, le Christ avec ses apôtres !
En vérité, par saint Barre, dit Cathal, tu me dévoreras si tu m'obsèdes davantage.


Page du livre d'Arnstein

Ce qui différencie cette forme des autres séries, est son intention : c’est activement, le préambule de l’exorcisme, l’entrée en matière ou plutôt le moyen pour le druide de rentrer en contact avec le roi possédé, de "toucher" sa conscience. Cette méthode a permis l’ouverture qui va lancer le véritable exorcisme : il sera composé ensuite de jeûnes successifs communs aux deux hommes.
Et pour finir le diable ou démon sera éjecté de la personne du roi Cathal, et s’enfuira, comme dans les versions des contrats du diable.
Encore une fois les symboles celtes ont été remplacés par les symboles chrétiens, ce qui est logique (mais regrettable), puisque ce sont des moines qui ont écrits et révélés au monde ces textes.
L’évocation de la série des nombres est donc ici, pour le roi possédé, la ressouvenance de lui-même, sa reprise de conscience, et cela permet l’exorcisme, auquel le roi participera. Cette reconnaissance de soi, des enchaînements d’énergies que stipule cette série (6) permet la « vision » de l’égocentrisme dans l’être, et le jeûne devient la purification de l’être. Une fois que le souvenir de son état de roi est revenu.
La conscience des lois de l’univers et notre place dans ce vaste plan est donc bien en nous, et nous sommes réellement nous, quand, nous sommes conscient de cela.


Photo de croix celte

L'Aède

Page du livre de Lindisfarne

Notes
1/ Le « Barzhaz Breizh, Théodore Hersart de la Villemarqué, COOP Breizh 1997.
2/ Légendes et récits populaire du pays Basque, Jean-Francois Cerquand, éditions Aubéron, 2006.
3/ la geste Hilalienne, version de Bou Thadi, recueillie par Lucienne Saada. NRF, Gallimard 1985
4/ les dieux nationaux du Japon, Jean Herbert, éd Albin Michel 1965.
5/ L’épopée irlandaise, Georges Dottin, Terre de brume 2006. et : L’âme celte, au fil des légendes, Hespérides éditions 2014.
6/ Dans l’enseignement bouddhique de l’Abhidharma, nous trouvons une forme de série dans les deux premiers groupes des 51 Skandas. Ces Skandas sont 51 facteurs mentaux qui déterminent toutes volitions, sensations et actions de l’être humain :
- les 5 facteurs constants - les 5 facteurs qui établissent chaque objet - les 11 facteurs bénéfiques
- les 6 facteurs nuisibles primaires - les 20 facteurs nuisibles secondaires - les 4 facteurs variables
Les deux premiers groupes décrivent l’enchaînement de pensées et d’actes qui sont inévitables pour accomplir n’importe quelles actions. C’est véritablement le sens d’une série – de dix donc - lié au microcosme humain, et parfaitement décrite par le monde bouddhiste.