Légendes de l'Aède

les sept frères


Voici une belle légende amérindienne venant d'une des nombreuses tribus de la nation Sioux. Lisons en premier cette légende et après nous en étudierons la signification...


Dessin tiré des livres des éd Grund

Les sept frères


Dans la grande plaine, au bord d’une rivière se trouvait un tepee solitaire:
Sept jeunes indiens y vivaient pauvres comme une souris des champs.
Bien souvent , ils devaient se contenter de danser et chanter en guise de nourriture.


Dessin d'un ami sur la légende

Ils n’avaient pas non plus de quoi se vêtir, aussi les sept frères allaient nus, essayant d’échapper à la vue des indiens, du village d’à coté.
La nuit seulement, en silence, ils rampaient hors de leurs tepee et allumaient un grand feu, pour chasser le froid.


Tout en contemplant les flammes, ils imaginaient faire un grand festin et dansaient ensuite, dans la nuit jusqu’à l’aube.
Un soir, l’aîné dit a ses frères nous sommes devenus très faibles et affamés, allumons un feu de conseil!


Dessin d'un ami sur la légende

Très longtemps ils sont restés là ; sans un mouvement, sans un mot, autour du feu.
Puis le plus jeune rompit le silence .
“Ce monde est un mauvais endroit, nous pourrions nous changer en rocher, ainsi nous aurions la paix.”
“Le rocher c’est la mort , devenons des grands arbres dit un autre frère.
“L’orage pourra nous abattre , devenons de l’eau, ainsi personne ne pourra nous faire du mal”
“et le soleil, qu’est ce que tu en fais ?” “Devenons plutôt la nuit, elle, elle nous a toujours protégés.”répond le cinquième frère.
l’aîné prit la parole, “tout passe inlassablement” et levant la tête, il reprit;
“Si nous nous changions en étoiles, pour briller éternellement dans cette immensité.”
Les garçons se réjouirent . Oui , ils allaient devenir des étoiles.


Dessin d'un ami sur la légende

Ils jetèrent tout le bois dans le feu, qui devint immense et illuminait toute la prairie
les sept frères se prirent par la main, et se mirent lentement à danser une ronde.
À chaque pas , leurs fatigue semblait s’évanouir. Leurs talons frappaient le sol de plus en plus vite. Déjà c’est à peine s’il touchaient terre .
Puis se tenant toujours par la main, tournoyant, ils s’élèvent dans les airs, toujours plus haut.
Les sept frères s’arrêtent enfin de danser, et contemplent le ciel nocturne, les enveloppant.


Dessin d'un ami sur la légende

Ils voient sept wigwams féeriques. Ils y courent , chacun vers le sien, à l’intérieur de superbes vêtements d’or et de multiples merveilles les attendent.
Chacun des jeunes indiens se vêtit et sortit devant le tepee. Leurs vêtements étaient pareils, ruisselant d’or.
L’aîné prit la parole; “le grand esprit a accompli notre vœu, nous sommes devenus des étoiles”.
Depuis lors , les jeunes indiens ,lèvent les yeux vers le ciel et contemplent une nouvelle constellation :les Pléiades.


Cette légende est vraiment belle et son contenu spirituel est indéniable…

Voyons d’abord les aspirations de ces indiens : ils sont on ne peut plus normaux, Leur désir de se nourrir et de se vêtir dignement est chose tout à fait ordinaire, l’histoire pourrait prendre une tournure très simple avec une évolution ou un développement commun, seulement voilà, la légende prend une forme fantastique, quelle est donc la raison de ce déroulement… ?

D’abord, ils ont le sentiment d’être rejetés de part leur pauvreté, ce qui les rend différents et ce qui les met à l’écart des autres indiens. Vient ensuite le sentiment que le monde où ils vivent est trop injuste, trop abominable pour eux, pour pouvoir vivre simplement un état humain décent en adéquation avec la noblesse de leurs aspirations.
Ce qui les décide à chercher un autre état, plus stable, plus universel, hors de toutes souffrances, hors du temps, éternel…

Nous voici devant un déroulement de conscience bien connu :
chaque homme, chaque femme qui cherche le divin, qui se met sur une voie spirituelle est passé par ces sentiments. La quête de soi place l’individu à l’écart de la routine de ce monde. Les trésors convoités par chacun prennent au bout d’un moment le goût amer de l’inaccomplissement pour celui qu’une voie intérieure aiguillonne sans cesse.
Vient alors le moment où le regard se dirige « vers les montagnes d’où viendra le secours » Ici surgit la véritable aspiration, celle qui peut porter le cœur de l’homme vers son dieu, vers son incontestable origine. La force de cette aspiration transporte celui qui cherche le divin vers cette autre dimension, celle de l’instant vivant ou du royaume céleste.


Le passage de la danse autour du feu est très explicite :
- ils sont sept : c’est le signe de la compréhension des forces de cette nature,
- ils se tiennent par la main : c’est le symbole de l’être unifié, et enfin,
- ils dansent : voici exprimé la nécessité d’être en harmonie avec le mouvement universel divin.
Cette danse se déroule autour du feu : la force-désir de l’aspiration à retourner au divin.

Ils se retrouvent dans un autre espace-temps, celui des choses immuables, là une demeure d’éternité les attend, symbolisée par les tepees .
Leur état à également changé : le rayonnement de leur conscience est devenu tout autre : c’est ce que signifie les vêtements d’or.
Ils sont devenus des étoiles – le chercheur d’éternité à retrouvé le monde d’où il provenait.
Les légendes prennent bien des formes pour faire resurgir à la conscience des hommes, le trésor enfouie au plus profond d’eux-mêmes.


Illustration de livre de contes

Sur ce chemin, les différentes étapes ont été imagées sous forme de légendes, souvent épiques, pour une compréhension intuitive des étapes de conscience nécessairement vécues par le candidat à l’initiation spirituelle.
Certaines légendes comme celle des Pléiades sont simplement une évocation spirituelle. Sans forcement être rattachées à un enseignement initiatique donné, ces légendes ouvrent des portes dans l’inconscient.

Cette légende remet également "les pendules à l'heure" pour ceux qui croient que les nations premières sont de simple "sauvages". Avec cette légende, nous constatons un enseignement initiatique, et donc un mouvement spirituel organiser, mais simplement inconnu des occidentaux...

L'Aède