La cosmogonie Chaldaïque

La cosmogonie que nous allons étudier provient des « Oracles chaldaïques ».
De quel époque provient cette cosmogonie ?
Et quel est le mouvement qui l’a créée ?
L’ époque se situerait au IIe siècle de notre ère, et bien que le succès de ce texte soit du au mouvement Néoplatonicien, nous ne savons pas véritablement d’où il provient. Certains auteurs pensent à une filiation « Orphique » et d’autres le relient à la philosophie Zoroastrienne. En lisant cette cosmogonie, vous vous ferez vous même votre opinion.
Et voici les références du livre pour les plus curieux :
« La sagesse des Chaldéens » traduit du Grec par Édouard des Places, Société d’éditions Les belles lettres, 1993.
Et un article sur le web : « Un livre sacré de l’Antiquité tardive : les Oracles chaldaïques » par Helmut Seng, Annuaire de l’école pratique des hautes études, Section des sciences religieuses, 2011.

Malgré les nombreuses incertitudes que suscitent les origines de ce texte, les « Oracles » ont eu beaucoup de succès et ont traversés les ages : depuis les Néoplatoniciens, et certains auteurs du Moyen-Age, jusqu'aux courants philosophiques de la renaissance italienne avec Marsile Ficin, pour qui ce texte aura beaucoup d’intérêts.

Voici la cosmogonie des « Oracles Chaldaïques » :
( Ce qui suit est notre interprétation, d’après la traduction d’ Edouard des Places, mais avec des nuances plus propres à retranscrire l’aspect spirituel du texte)

1/ Il existe un certain « Intelligible » qu’il te faut percevoir à l’aide de la « fleur » de ta conscience. Si tu cherches à Le percevoir par ton intellect qui mesure toutes choses, (qui sépare toutes choses), tu ne Le percevra pas. Il te faut Le percevoir par ton âme consciente, détournée du monde sensible, afin de « connaître » L’Intelligible ».
2/ Entoures toi « conscience et âme », de Lumière éclatante et dans la plus vive attention perçois le symbole de la « Triade »…
3/ En premier est « Le Père » ( L’Intelligible) qui s’est retiré lui-même avec son Feu et sa Puissance Intellective laissant un « espace ». 
4/ Car la Puissance Intellective est en Lui « Le Père » et la Conscience Intellective procède de Lui.
5/ Par le trait de sa Puissance Intellective : sa Pensée, Le Père du Feu Premier Transcendantal enclot sa Conscience Intellective dans la matière.
6/ La déesse née de cet acte : Hécate : l’Ame de ce monde-matière construit et limite cet espace, en dissociant le Feu Premier du Père, de celui-ci, création de sa Force-Pensée.
7/ Car « Le Père » a créé en perfection toutes choses et les a livrées au deuxième Feu-Intellect : ce Père éternel, que vous, race humaine, appelez le premier.
(ici est la division en deux plans, l’un étant le reflet de l’autre, le Père éternel étant le reflet du Père Primordial : L’Intelligible)

8/ Auprès de lui siége la Dyade qui a pour fonction de garder les forces d’intellections par sa conscience et d’introduire la puissance de sensations dans ses mondes et ses créations.
10/ Toutes choses sont nées d’un seul Feu.
20/ Car la Conscience ne subsiste pas indépendamment de L’Intelligible, et L’Intelligible ne subsiste pas à part de la « Conscience ».
22/ Car c’est en Trois que la Puissance Intellective du Père a dit que toutes choses soient divisées, les gouvernant toutes par le Feu–Intellect du Père éternel.
23/ Pour qu’une Triade contienne toutes choses en les mesurant toutes.
24/ Divisant tout développement en commencement, fin, et milieu, selon l’ordre assigné par la nécessité.
25/ Le Père eut cette pensée, et voilà qu’un mortel avait de lui reçu l’animation.
26/ En te voyant Monade Triadique, le monde t’a révéré.
27/ Car en tout monde resplendit une Triade, qu’une Monade commande.
29/ C’est de cette Triade que le Père a mêlé tout souffle vital.
30/ Sources des sources, matrice qui contient toutes choses.
31/ Triade qui en vérité n’est pas la première, mais la seconde (celle créatrice de ce monde de la matière) où les consciences sont mesurées.
32/ Triade qui a pour acteur le Feu-Intellect, Triade distributrice de vie et remplissant le sein générateur d’Hécate, l’âme de ce monde.
34/ C’est de là que surgit la genèse de la matière aux multiples aspects.
37/ le Feu-Intellect du Père s’est embrasé quand il a Pensé les Idées Primordiales, qui se partagèrent pour donner naissance à un monde multiforme.
39/ Ensuite le Feu-Intellect du Père insémina en toutes choses le lien puissant de l’Amour, pour que la totalité des choses continuât, un temps infini…
51/ Du flan droit d’Hécate jaillit le flot abondant de l’Âme Primordiale, qui anime : lumière, feu, éther, mondes.

52/ Au flan gauche d’Hécate réside la source de la Vertu, qui reste au plus profond, à l’intérieur de la déesse.
53/ C’est après les Pensées du Père que je prends place, moi, l’âme qui de ma chaleur anime toutes choses, (l’âme humaine).
57/ Le Père souffla les sept firmaments des mondes, (les orbes des planètes).
58/ Le feu du Soleil, Il le fixa à l’emplacement du cœur, (au milieu des planètes). (Ensuite, le Père agence les luminaires et les éléments).
65/ Au milieu de tous ces éléments et flots d’Énergies cosmiques, un autre canal est crée, interne et conducteur de feu, le cinquième canal par ou le feu conducteur de vie divine descend jusqu’aux éléments matériels.
(De La déesse Hécate surgit quatre courants ou canaux, correspondant à lumière, feu, éther, et mondes, ou sur un plan plus matériel : le feu, l’eau, la terre et l’éther. De tous ces éléments est née la matière ordonnée. Le cinquième canal est celui de la Vertu, c’est à dire du lien impérissable qui nous relie au Père Primordial : L’Intelligible.)

Le texte continue, plus ou moins clair et complet, sur l’agencement du monde. Puis le texte s’adresse directement à l’homme :

102/ Ne regarde pas la nature ; son nom est marqué par le destin.
103/ Et n’ajoute pas au destin…
106/ O homme, produit d’une nature audacieuse.
107/ Ne t’occupes pas à mesurer la terre et ses limites ; car la vérité n’existe pas sur notre sol. Ne mesures pas non plus les dimensions du soleil. Il se meut en vertu d’un vouloir éternel du Père, non à cause de toi.
108/ Le Feu-Intellect du Père a semé les Symboles à travers le monde.
109/ Et le Feu-Intellect du Père ne reçoit pas la volonté de l’âme avant que celle-ci ne soit sortie de l’oubli et n’ai proféré une parole, en se remémorant le pur symbole du Père.
110/ Cherche le canal de l’âme : d’où elle vient, ce qu’elle est, et comment tu la relieras à son ordre originel, en joignant l’acte à la parole sacrée.
111/ T’orientant vers le centre de la lumière éclatante.
112/ Que s’ouvre la profondeur immortelle de l’âme, et regarde intensément à l’intérieur de toi.
115/ Il te faut t’empresser vers la lumière, vers les rayons du Père, d’où l’âme t’a été envoyée, revêtue de multiples forces conceptuelles.
116/ Car le Divin n’est pas accessible aux mortels qui pensent selon le corps, mais à ceux qui, nus, se hâtent vers les hauteurs.
117/ Sauvés par leur propre force…
118/ A certains il a donné de saisir par l’étude le symbole de la lumière ; d’autres, jusque dans leur sommeil, il les a fécondés de sa force.
119/ La Force qui nous unit à Dieu.

Ainsi, tout au long des ages depuis 1800 ans, les essais d’interprétation de ce texte ont été féconds. L’interrogation que ce texte suscite en est la cause et je me suis pris au jeu. Avouez que ce texte est superbe !
Certains écrivains comme Psellus, y ont vu trois Triades successives dans les « Oracles Chaldaïque » , impliquant trois plans de développement, mais ce sont des déductions faites à l’aide de toutes les études et compilations d’auteurs antiques sur ce sujet. Je me suis contenté de suivre le texte ...

Certaines tournures de phrases me font penser à une autre cosmogonie ou système celui de la Kabbale, avec:
En premier est « Le Père » ( L’Intelligible) qui s’est retiré lui-même avec son Feu et sa Puissance Intellective laissant un « espace ». 
Cette phrase rappelle le « Tsim-Tsoum » : le système d’Isaac Louria (1534-1572) dans lequel Dieu s’est rétracté lui-même pour créer l’univers et les hommes.
Faites-vous vous même votre opinion….

L'Aède