Légendes de l'Aède

Construire un mythe : Saint Georges et le Dragon

Si la théorie de l’inconscient collectif développé par Carl Gustav Jung est – dans certains cas – une théorie qui se tient, tant les aspirations des hommes de par le monde sont semblables, dans le cas de mythes créés de toutes pièces,,,
cette théorie a t-elle toujours de la valeur ?


Peinture de Paolo Ucello

Le mythe de Saint Georges est très significatif d’un écrit hagiographique dans le cadre "promotionnel" de l’église catholique dans son jeune age, occupée à son intense développement.

La légende de Georges de Lydda, un officier romain, est adaptée vers 1265 ou 1266 par l’archevêque de Gênes, un frère dominicain : Jacques de Voragine dans l’ouvrage intitulé "La légende dorée".

Voici le texte abrégé décrivant le combat contre le dragon :
« Georges de Lydda naît vers 275 en Cappadoce, dans une famille chrétienne. Il devient officier dans l'armée romaine, et est élevé par l'empereur Dioclétien au grade de tribun. 
Un jour, Georges arrive dans la ville de Silcha dans la province romaine de Libye. La cité est terrorisée par un redoutable dragon qui se cachait dans un étang grand comme une mer, et qui avait souvent fait reculer le peuple venu avec des armes pour le tuer. Il lui suffisait d'approcher des murailles de la ville pour détruire tout les habitants de son souffle. Les hommes se virent forcés de lui donner tous les jours deux brebis, afin d'apaiser sa fureur; autrement, il infectait l’air, en sorte que beaucoup en mouraient.
Or, les brebis étant venues à manquer, on décida qu'on donnerait une brebis et qu'on y ajouterait un homme. Tous les garçons et les filles étaient désignés par le sort, et il n'y avait d'exception pour personne. Or, comme il n'en restait presque plus, le sort vint à tomber sur la fille unique du roi, qui fut par conséquent destinée au monstre. Le roi tout contristé dit : « Prenez l’or, l’argent, la moitié de mon royaume, mais laissez-moi ma fille, et qu'elle ne meure pas de semblable mort. »

Le peuple lui répondit avec fureur :
« O Roi, c'est toi, qui as porté cet édit, et maintenant que tous nos enfants sont morts, tu veux sauver ta fille ?
Si tu ne fais pour ta fille ce que tu as ordonné pour les autres, nous te brûlerons avec ta maison.» En entendant ces mots, le roi se mit à pleurer sa fille en disant :
« Je vous en prie, dit-il, accordez-moi huit jours de délai pour pleurer ma fille. » Le peuple y ayant consenti, revint en fureur au bout de huit jours, et il dit au roi : « Pourquoi perds-tu le peuple pour ta fille ? Voici que nous mourons tous du souffle du dragon. » Alors le roi, voyant qu'il ne pourrait délivrer sa fille, la fit revêtir d'habits royaux et l’embrassa avec larmes.

Or, saint Georges passait par hasard par là : et la voyant pleurer, il lui demanda ce qu'elle avait. Après qu'elle l’eut instruit totalement, Georges lui dit : « Ma fille, ne crains point, car au nom de J-C., je t'aiderai. »
Elle lui dit : « Bon soldat ! mais hâte-toi de te sauver, ne péris pas avec moi ! » Alors qu'ils parlaient ainsi, voici que le dragon s'approcha en levant la tête au-dessus du lac. A l’instant Georges monta sur son cheval, et se fortifiant du signe de la croix, il attaque avec audace le dragon qui avançait sur lui : il brandit sa lance avec vigueur, se recommande à Dieu, frappe le monstre avec force et l’abat par terre : « Jette, dit Georges à la fille du roi, jette ta ceinture au cou du dragon ; ne crains rien, mon enfant. » Elle le fit et le dragon la suivait comme la chienne la plus douce. Or, comme elle le conduisait dans la ville, tout le peuple témoin de cela se mit à fuir par monts et par vaux.
Alors Georges leur fit signe en disant : « Ne craignez rien, le Seigneur  m’a envoyé exprès vers vous afin que je vous délivre des malheurs que, vous causait ce dragon seulement, croyez en J.-C., et que chacun de vous reçoive le baptême, et je tuerai le monstre. » Alors le roi avec tout le peuple reçut le baptême, et saint Georges, ayant dégainé son épée, tua le dragon et ordonna de le porter hors de la ville. Quatre paires de bœufs le traînèrent hors de la cité dans une vaste plaine. Or, ce jour-là vingt mille hommes furent baptisés, sans compter les enfants et les femmes. »


Viennent ensuite, après cet extrait de « la légende dorée », les multiples péripéties du martyr de St Georges telles qu’elles sont racontées par Jacques de Voragine.


Peinture murale dans une église de Vendée

Mais il existe aussi une autre version légèrement différente, une version plus « historique » qui a l’aval de l’église romaine actuelle…


« Georges naquit vers 275 en pleine Ère de la Dispersion de la Foi, dans la Province de Cappadoce, au sein d’une famille riche et de haute condition. À la mort de son père, alors qu’il n’était âgé que de dix ans, sa mère, Polychronia, convertie à l’Aristotélicisme à l’insu de son époux, l’emmena en Palestine, sa terre natale. Là-bas, elle lui inculqua les Vertus de la Raison enseignées par Aristote, ainsi que la Foi en l’Amour de Dieu prêchée par Christos.
Georges grandit et lors de sa dix-huitième année, il s’engagea dans les armées romaines, afin de défendre la paix des terres romaines et de leurs habitants. Très vite, sa valeur le distingua du lot, et ses supérieurs le nommèrent tribun de la garde prétorienne. L’empereur lui-même reconnut son dévouement et son courage et l’éleva à la dignité de préfet.

Alors que Georges retournait en Cappadoce, après une campagne victorieuse en Mésopotamie contre le roi perse Narses, il traversa la région de Béryte, ravagée alors par une armée de pillards sanguinaires, menée par un homme cruel nommé Nahf dont la barbarie sans égale lui avait valu le surnom de « Dragon », car en phénicien, « nahf » signifiait « serpent ».
Les pillards de Nahf s’étaient installés dans les marais voisins de la ville, ravageant les récoltes et pillant les fermes. Tous ceux qui avaient tenté de leur résister eurent les yeux crevés par Nahf et ses hommes. Pour se protéger de la dévastation, les habitants décidèrent d’offrir chaque jour deux animaux en tribut pour calmer les pillards du Dragon. Cependant, vint un jour où il n’y eut plus de bêtes à sacrifier, et Nahf recommença ses ravages. Désespéré, le roi de cette contrée accepta que l’on donne chaque jour une jeune femme tirée au sort aux brigands pour satisfaire leurs vils appétits.

Les semaines et les mois s’écoulèrent, et vint lejour où la propre fille du roi, la princesse Alcyone, fut choisie pour être jetée en pâture aux pillards. Elle fut attachée à un pieu en bois face aux marais et abandonnée ainsi à son triste sort.
Quelques instants après, alors qu’Alcyone pleurait à chaudes larmes, un grondement se fit entendre. Alcyone se tourna et pu apercevoir un cavalier de haute taille, revêtu d’une armure étincelante et portant une longue lance, qui dirigeait sa monture vers elle. Arrivé à sa hauteur, il mit pied à terre et s’approcha d’Alcyone. La princesse le pria de partir loin d’elle pour sauver sa vie, mais le cavalier refusa et la détacha.
Soudain, un rugissement résonna à travers les marais et cent hommes montés sur des chevaux à la robe noirâtre apparurent. Tous portaient des armures de mailles semblables à des écailles d’un vert olive, et brandissaient leurs épées . A leur tête, un homme massif à la barbe hirsute, où seuls ses yeux injectés de sang perçaient à travers son casque de cuir. Georges leva sa lance et éperonna son cheval qui s’élança au galop vers le « Dragon ». Des hurlements terrifiants s’élevèrent des rangs adverses et les pillards se lancèrent à l’assaut du guerrier solitaire. Georges se retrouva pris au milieu d’un tourbillon d’yeux enflammés de rage et de lames. Partout où son regard se posait, il y avait un pillard prêt à fondre sur lui, mais il tint bon pendant que le cercle se refermait sur lui, continuant à éperonner sa monture vers celle de Nahf. Alors qu’il allait être submergé par la marée humaine, Georges mobilisa toutes ses forces et sa Foi, pour lever à nouveau son bras et plonger sa lance au milieu du tourbillon d’hommes et de lames qui se dressaient face à lui. Un cri terrifiant retentit, auquel répondirent des hurlements affolés. Terrifiés, les pillards s’enfuirent aussi soudainement qu’ils étaient apparus, laissant leurs armes derrière eux.

Sortant de son exaltation guerrière, Georges vit Nahf qui gisait à ses pieds, mortellement blessé par sa lance qui s’était figée en travers de sa gorge. Georges attacha le chef des pillards à son cheval et regagna Béryte avec la princesse Alcyone, traînant le « Dragon » derrière eux.
Ils furent accueillis par la liesse et les acclamations des habitants enfin délivrés de cette terrible calamité. George amena la dépouille de Nahf devant le roi qui se prosterna devant Georges et jura que lui et ses sujets se convertiraient à la Foi aristotélicienne. Le héros reprit ensuite la route de la Cappadoce. »


Peinture murale dans un palais Florentin

Après ces deux versions, cela nous amènent à éclaircir deux points :
1/ Quelle est l’origine de ce mythe ? et quant au « Dragon »...
2/ Quelle est la signification de cette bête extraordinaire ?

-- 1/ L’origine du mythe de Saint Georges.
il est évident que ce mythe a emprunté à la légende de Persée et éventuellement à celle de Thésée. Examinons l’épopée de Persée dans le texte de "la bibliothèque" du pseudo Apollodore.
« Persée ayant reçu de Mercure une faux de diamant, se rendit en volant sur les bords de l'Océan, et trouva les Gorgones endormies; Méduse était la seule mortelle, et c'était sa tête qu'on avait demandée à Persée. Leurs têtes étaient hérissées de serpents ; elles avaient des dents comme des défenses de sanglier, des mains d'airain et des ailes d'or, à l'aide desquelles elles s'élevaient dans les airs. Ceux qui les regardaient étaient changés en pierres. Persée s'approcha d'elles, tandis qu'elles dormaient, détournant les yeux en arrière, et les tenant fixés sur un bouclier d'airain qui réfléchissait la figure de la Gorgone, il lui trancha la tête et se mit en route .
Parvenu en Ethiopie, dont Céphée était roi , il trouva sa fille Andromède exposée pour être dévorée par un monstre marin .
Cassiopée, épouse de Céphée, avait osé se comparer aux Néréides pour la beauté, et s'était même vantée de l'emporter sur elles. Les Néréides en furent irritées. Neptune partagea leur indignation, submergea le pays, et y envoya un monstre marin. L'oracle d'Ammon ayant annoncé que ces désastres cesseraient si on exposait Andromède, fille de Cassiopée, pour être dévorée par le monstre, les Ethiopiens forcèrent Céphée à faire ce que l'oracle ordonnait et à attacher sa fille à un rocher.
Persée l'ayant vu, il devînt amoureux, et promit à Céphée de tuer le monstre s'il voulait la lui donner en mariage. Céphée s'y étant engagé par serment, il attendit le monstre, le tua et délivra Andromède. Phinée, frère de Céphée, à qui Andromède avait été promise avant cet événement, conspira contre lui pour le faire périr ; mais Persée l'ayant découvert, lui montra la tête de la Gorgone, et le changea en pierre, ainsi que tous ceux qui avaient pris part à son complot. »


Peinture du XVII eme

Certains éléments du mythe de Saint Georges, notamment la prise d’otages des jeunes gens de la cité, font penser à la lutte conte un autre monstre très connu de l’antiquité grecque : le Minotaure.
Voici le texte célébrant les exploits de Thésée :
« Le roi Minos était en guerre avec Athènes et l’assiégeait depuis longtemps déjà, contraignant les Athéniens à consulter l'oracle sur les moyens de remédier à leurs maux. Zeus leur commanda de donner à Minos la satisfaction qu'il exigerait. Minos exigea qu'ils lui envoyassent [chaque année] sept garçons et sept filles, sans armes, pour servir de pâture au Minotaure.
Ce Minotaure était renfermé dans le Labyrinthe, d'où il était impossible de sortir, une fois qu'on y était entré, tant il y avait de détours et de circuits qui empêchaient d'en trouver l'issue : c’était l'ouvrage de Dédale qui avait été jugé et condamné à l’exil par l'Aréopage. Par la suite, il se rendit auprès de Minos, "où il fabriqua une vache de bois pour satisfaire la passion de Pasiphaé qui était devenue amoureuse du taureau de Poséidon. C’est ainsi que serait né le Minotaure.
Thésée devenu grand souleva la pierre et ayant prit les sandales et l’épée de son père Egée, se mit en route pour Athènes. Il trouve sur sa route de nombreux brigands et remporte victoire sur victoire. Thésée partit de son plein gré en Crète, ou bien il faisait partie de la liste des jeunes gens offert au minotaure. Ariane la fille du roi Minos tombe amoureuse de Thésée et s’engage à l’aider s’il l’épouse. Sur son conseil, Ariane donne du fil à Thésée qu’il déroula derrière lui dans le labyrinthe. Thésée trouva le Minotaure et le tua à coup de poings, puis il sortit grâce au fil, et libera les jeunes gens. »


Peinture à l'huile

Constatons ce fait : même si un citoyen romain vainqueur d’un monstre – un crocodile par exemple - a pu exister au début de notre ère, le récit de St Georges est trop proche des épopées grecques, forcement connues à cette époque, pour ne pas leur avoir emprunté des éléments. Nous sommes donc bien en présence de la construction d’un mythe.
Un événement historique, glorieux, a déclenché chez certains auteurs l’idée de développer cet épisode et d’en faire un "mythe fondateur" pour la jeune religion pleine d’ambition.

Madame Desroches-Noblecourt, nous à délivré récemment une autre approche dans son ouvrage :
Le fabuleux héritage de l’Egypte.
L’éminente égyptologue rapproche la figure de Saint Georges de celle du dieu Horus que l’on découvre dans l’image suivante, dans la posture exacte que celle que prendra le "fabuleux St Georges".


Sculpture en pierre

Voici une représentation du dieu Horus de l'Egypte ancienne. Cette figuration date de l’époque copte, au début de notre ère, ou nous voyons le dieu habilé en légionnaire romain.

Il existe sur les murs des tombes du Nouvel Empire de nombreuses figurations de harponneurs de crocodiles ou d’hippopotames sur le Nil. Cette représentation commune dans l’Egypte antique, a pu prendre un sens plus « guerrier » à l’époque Ptolémaïque et Romaine. N’oublions pas que le culte d’Osiris et d’Isis, s’est exporté dans toute la Méditerranée, d’abord chez les grecs à l’époque Ptolémaïque, durant laquelle des prêtres égyptiens exerçaient le culte de ces divinités sur le sol grec, puis dans le monde romain. Nous ne savons pas grand chose de la forme de ce culte, mais son implantation dans les villes dépendant de l’empire romain, est avérée au début de notre ère, ceci jusqu'à l’interdiction des cultes païens par l’empereur Théodose en 392.


Le culte d’Isis et d’Osiris, connu également par le texte de Plutarque, écrit vers 120 APJC, a connu semble t-il d’importantes modifications par rapport au modèle original. Ainsi, dans le monde romain, la croyance populaire s’est fixée principalement sur la figure d’Isis, et avec son fils Horus, un culte de « mère à l’enfant » s’est développé.
Le culte des vierges noires tenant « l’enfant dans les bras » pourrait en être issu.
Ainsi, le culte d’une « Mère Divine » lié à l’antique Egypte a connu un fort engouement, parallèlement et dans le même espace, que celui du culte de Jésus Christ et de la mère de Dieu. Le culte de la mère de Jésus a pris autant d’ampleur que celui de son fils dans la ferveur populaire, ce dont témoignent les nombreuses stèles de l’antiquité.
Etrange parallèle….
L’interdiction des cultes païens a réglé ce « problème » pour les « chrétiens », mais il fallait remplacer les croyances et les mythes existants. Cela pourrait expliquer que l’image d’un guerrier combattant le mal – un monstre marin – aurait été employée, telle quelle, par les pères de l’église romaine. Une simple substitution d’image…

Si nous ne savons pas exactement à quelle époque ce mythe à été construit, il a été pleinement développé au Moyen-Age.
Le 13eme siècle, l’époque de Jacques de Voragine, fut particulièrement féconde en « inventions » du clergé afin de récupérer et de s’attribuer l’ensemble des cultes dit païens. Le nombre de destructions de sites a été très important – arbres sacrés, mégalithes - et quand la destructions de sites n’étaient pas possible, - les sources, les important tertres cultuels - la construction d’une chapelle, d’une croix, permit de rattacher ces sites à l’église triomphante catholique.


Carte postale ancienne

L’emprise du clergé de l’époque se traduit également par l’interdiction de conserver les us et coutumes « païennes » de ses ancêtres.
Les prêtres et les moines catholiques, ont également dans les siècles suivants, « interprété » les mythes et les légendes, en les transformants au besoin. Les contes de Bretagne et du Pays Basque ont bien souffert, et il est difficile de n’y point trouver la présence prédominante de curés ou de saints : la légende de la ville d’Ys en est un parfait exemple.
Parce qu’il ne suffit pas de détruire une culture, pour que la sienne la remplace naturellement, il faut inventer de nouveaux mythes, suffisamment proches des anciens pour que « la sauce prenne » et assez « orientés » pour convenir au développement de la nouvelle religion. Ce qui devait être le simple récit d’un vaillant légionnaire chrétien, s’est transformé en mythe fondateur, sous la plume des moines du Moyen-Age.


Peinture murale dans une basilique

-- 2/ Quelle est la signification du dragon ?
Ce mythe a été employé pour désigner un concept dualiste très simple: la lutte du bien contre le mal. Ainsi, il fallait à cette époque, illustrer le Mal comme quelque chose de brutal, bestial, frustre, en opposition au Bien figuré par un homme noble, un chevalier, apportant avec lui l’idéal d’une civilisation élaborée, hiérarchique, signe de stabilité, de sécurité. Le monstre marin, le sanglant brigand de grand chemin ou l’être mi animal-mi homme s’est changé en dragon : une bête puissante et inconnue, dont la forme reste mystérieuse, surgissant des entrailles de la terre ou plus tard s’envolant dans les airs. La forme qu’a pris notre dragon est celle du Mal terrifiant, issus de nos désirs les plus vils, d’après le clergé, et que seule la soumission au Seigneur et à ses Représentants peut tenir en laisse.
Ce qui était un grand et puissant serpent gardien de trésors dans l’antiquité grecque, figurant une facette de l’ego dans les récits initiatiques, s’est transformé en image du mal répugnant, une forme de nature brute et sauvage. Cette figure extériorise le Mal dans les croyances populaires, le transposant dans une vague représentation étrangère à l’homme et à sa responsabilité...
Ce concept simpliste ne favorisait pas l’interrogation sur soi-même…


Voici ce qu’écrit Alexandre Soljenitsyne dans son livre >L’archipel du Goulag
Si seulement il y avait quelque part des gens mauvais qui commettent le mal et qu’il suffise de les séparer de nous et de les anéantir ! mais la ligne qui sépare le bien du mal traverse le cœur de chaque être humain. Et qui est prêt à détruire une partie de son cœur ?


Voyez que dans l’élaboration intentionnelle d’un mythe au service d’un but précis, la théorie de l’inconscient collectif, posée sur le concept d’une intuition commune, forcément vague, est très aléatoire.
Un mythe ou un système mythique complet - genèse, théogonie, épopées - était élaboré dans l’antiquité pour répondre à l’objectif d’un chemin de connaissance de soi lors du parcours initiatique dans une Ecole des Mystères. Certains mythes issus d’anciennes légendes, ou créés de toutes pièces, - qu’ils soient très développés ou très simple - ont servi de propagande dans le cadre d’un développement religieux, ou même politique. Dans ces deux situations, la part de l’inconscient est nulle, car ces créations sont clairement élaborées par une pensée structurée et déterminée.
La part de l’inconscient collectif me semble mieux correspondre aux idéaux de Platon – l’aspiration au Beau, au Bien et à la Juste Paix - que chacun d’entre nous porte au plus profond de son âme ou de son cœur.


Représentation du Moyen-Age

Le Dragon est un leurre qui tourne notre intérêt vers le monde extérieur et nous empêche de percevoir le véritable trésor au plus profond de nous. Mais si le Dragon prend la forme de l’interrogation et que nous y répondons, alors le chemin vers soi s’ouvre et c’est l’aventure vers la lumière.
L'Aède

Bibliographie:
La première relation du mythe de Saint Georges est tirée de l’ouvrage de Jacques de Voragine, disponible sur le site de la BNF : Gallica. La seconde version : l’hagiographie de St Georges, est mise à disposition par Vincent Diftain, Cardinal chancelier du Saint Office et est disponible sur internet.
Les textes abrégés de Persée et Thésée proviennent de « La bibliothèque » d’Apollodore. Vous pouvez les trouvez sur le site de Remacle.
L’ouvrage de Madame Desroches-Noblecourt : « Le fabuleux héritage de l’Egypte », est disponible aux éditions Télémaque, 2004.