Légendes de l'Aède

L'Iliade et le conflit dans l'homme

Le conflit est-il totalement néfaste ?


Le conflit avec les autres est communément pris comme un comportement négatif pour la plupart de nos contemporains, et quand ce conflit est intérieur, il devient un sérieux problème qui nous fait prendre le chemin du psy le plus proche.
Le fait est, que le premier écrit donnant naissance à notre civilisation occidentale si complexe est « l’Iliade » de l’aède Homère .
Cela n’augurait rien de bon pour l’occident, selon les critères précédents, car le récit de « L’Iliade » est totalement sous l’égide du « Conflit ».
Il ne s’agit pas seulement de la scénographie du siège de Troie, des Achéens contre les Troyens, mais de pratiquement tous les protagonistes qui seront en conflit les uns avec les autres :
Pâris avec Ménélas,
Achille avec Agamemnon,
Hector avec Achille,
mais aussi Zeus avec Priam,
Héra avec Zeus,
Zeus avec Poséidon et...
Athéna avec Apollon.
Quelle pagaille !!! Et pourtant ceci est notre récit fondateur…
Comment comprendre ce récit autrement qu'illustrant la folie des hommes ?


Illustration tirée de « Aux pays des héros et des dieux »

Le récit d’Homère suivant « L’Iliade » est « l’Odyssée » : la navigation de retour du roi Ulysse vers sa terre, son foyer et sa femme Pénélope.
Cette histoire est considérée par certains comme un récit initiatique imagé, à travers les nombreuses péripéties que ces valeureux marins vont connaître. Il est évident que c’est le vrai secret de « L’Odyssée », et du rusé Ulysse, qui représente dans ce récit « l’Attention » requise par tous les participants aux « mystères » et par les aspirants actuel à l’Éveil.
Ainsi, si comme il est évident pour tous initiés, que la suite du siège de Troie soit un récit initiatique...
Alors que représente l’Iliade ?


Illustration tirée de « Aux pays des héros et des dieux »

Au début de toute quête de connaissance de soi est le conflit.
Le conflit existe dès le début dans le mythe de Gilgamesh, avec ce roi si puissamment orgueilleux et son peuple et ensuite vient le combat avec son double : Enkidu.
Le conflit est inhérent au mythe d’Osiris : Seth provoque la mort d’Osiris et par là-même, amène ensuite la quête d’Isis qui va reconstituer son amant et cet événement détermine l’étrange conception d’Horus.
Dans ces deux mythes -les plus anciens de l’humanité- ; le conflit originel amène soit, la quête de l’éternité, soit, la quête de reconstruction de l’être royal et la naissance du puissant Horus, gardien de l’équilibre divin de la terre d’Égypte.


Nul ne s’interroge dans une conjoncture apaisée, idéale. Il faut souvent un choc, une situation extrême pour réveiller l’interrogation en soi. C’est en général le prélude à une quête, l’aspiration à autre chose que le quotidien. Mais pour certains le malaise est là depuis le début : un sentiment que quelque chose ne va pas, que la vie, (sa vie), ne correspond pas à ce qu’elle devrait être. C’est à partir de ce conflit intérieur que débute une véritable quête spirituelle.
Et à partir de là, cela devient encore plus conflictuel, car il va falloir faire le tri dans le fouillis des religions, des croyances et des pratiques de développements personnels. Puis, si l’on trouve une véritable voie spirituelle, alors, c’est dans son propre monde intérieur, son mental frénétique qu’il faudra trancher, mais surtout inventorier, ordonner, et finalement lâcher...
Ainsi toute quête spirituelle débute avec le conflit intérieur et dans ce cas nul besoin de cette notion de bien et de mal, seule l’Ecoute, l’Attention est nécessaire.


Illustration tirée d'un livre pour enfant

Le récit de « l’Iliade » commence à la neuvième année du siège de Troie, mais l’origine de ce gigantesque conflit est un acte provoqué par la divinité Eris. Voici ce préambule :
« Eris « la déesse de la discorde » lance une Pomme d’Or lors du mariage de Pélée (née de Eaque et d’une nymphe : Endeis) et de Thétis, la très belle Néréide. Thétis était si belle que tous les dieux étaient amoureux d’elle, mais Thémis prédit que le fils de Thétis deviendrait plus puissant que son géniteur, aussi Zeus, Poséidon, et bien d’autres renoncent à cet hymen.
Sur la pomme d’or, Eris avait inscrit : « Pour la plus belle ». Ainsi pour cette gloire, trois déesses convoitent cet honneur : Héra, Aphrodite et Athéna. Zeus, présent au mariage, refuse de départager ces trois déesses.
Il donne donc ce « délicat » devoir à Pâris, un jeune homme d’une très grande beauté, fils de Priam, roi de Troie. Les déesses viennent vers lui dans toute leur beauté et leur nudité ; Pâris choisit Aphrodite.
Mais en fait, le choix est quelque peu faussé, car Pâris a conclu secrètement un contrat avec Aphrodite : s’il la choisit, elle devra lui promettre l’amour d’Hélène la femme de Ménélas, roi de Sparte. Le choix fait, Pâris part pour la Grèce, et enlève la belle Hélène. »


Illustration tirée de « Aux pays des héros et des dieux »

Quel sont les motifs amenant au conflit ?
La discorde vient en premier, mais elle ne peut agir  que si « ses sujets d’attention » sont dans une attitude de comparaison, de rapport à leur image de soi. Cette attitude de jalousie relationnelle entraîne un contrat sournois, un échange de « mauvais procédés ». Ainsi, le puissant désir qui tient le jeune Pâris s’acoquine avec le désir d’Aphrodite d’être la plus belle et la plus renommée.
Envie, désir, comparaison et médisance, orgueil, besoin de reconnaissance de soi, spéculation fumeuse et malhonnêteté, toutes ces « influences » ne se retrouvent-elle pas dans ce que l’on appelle communément : « Mental ».


L’humanité est parfaitement décrite dans le récit de « l’Iliade », mais sur un plan plus profond ou plus personnel : nous y voyons tous les processus de l’Ego, toutes les « attaches » aux forces énergétiques qui lient les êtres et que certains appellent l’inconscient. Il n’est pas nécessaire de chercher en méditerranée les lieux évoqués par « l’Iliade », il sont tous à l’intérieur de nous et ces « histoires » provoquent tellement de bruit qu’ils nous masquent notre être réel.


Illustration tirée d'un livre pour enfant

Sortez de l’illusion, sortez du conflit du bien et du mal, regardez la folie des concepts que vous créez vous-même !
A un moment clé, épuisé par tant de chaos, il ne vous restera plus qu’a faire comme Ulysse, qu’a prendre le chemin de retour…

L'Aède