Légendes de l'Aède

L'Ennéade

Voici une des plus importantes créations du monde selon les anciens Égyptiens.
Cette cosmogonie vient de la cité d’Héliopolis (Iounou) - qui était située non loin du Caire – et ce mythe est un des plus anciens du pays d’Egypte, de la terre de Kemet. Ce système de création n’a pas remplacé les mythologies liées à d’autres cités le long du Nil, comme celle de Ptah dieu de Memphis, par exemple, ou l’Ogdoade d’Hermopolis, mais elle a été profondément liée à l’édification de la civilisation des « deux terres ».
Une question se pose : que contient ce système mythique qui a sauvegardé une structure culturelle, spirituelle pendant plus de trois millénaires, et qui malgré les invasions étrangères a su maintenir la civilisation égyptienne ?


photo du temple d'Horus

Pénétrons à l’intérieur de cette vision…
A l'origine il n'y avait que le Noun: l'océan primordial ou le non-être, l’immatériel.
Seul en est sorti Atoum le créateur, qui émergea comme une colline de limon : le Benben. Sa création édifiée : Ra, sera sa manifestation lumineuse, visible.



photo de la pyramide naturelle de la vallée des rois

Atoum fit naître de son sperme, un couple de dieux jumeaux : Shou et Tefnout.
Shou représente l'espace où circule le souffle d’Atoum, et Tefnout est la chaleur générée par ce même souffle divin.
Shou et Tefnout sont le réceptacle dans lequel la lumière/énergie d’Atoum peut se manifester. Shou et Tefnout s'unissent et donnent naissance à Geb et à Nout, c'est à dire à la terre et au ciel, ou à la matière brute et à l'étendue subtile faite d’eau et d’air.


fresque représentant Geb et Nout

Shou et Tefnout, l'espace et chaleur, séparent Geb et Nout et ainsi, la matrice ou peut s'exprimer la vie est créée.
Dans ce nouveau monde il faut des dynamismes ; de Geb et Nout naissent bientôt Osiris, Seth, Isis, et Nephtys.


Bas relief représentant Osiris et Isis

Osiris est appelé communément le dieu de la germination mais il est plus exactement le dieu de la pulsion vitale, nécessaire à toute action.


Fresque représentant Osiris

Seth est la contre-partie naturelle d’Osiris, sa puissance est liée uniquement à la matière et à cet élan vital de la nature brute, et cela jusqu'à l’entropie ; la puissance portée à l’extrême aboutissant finalement à la destruction. C’est pourquoi Seth est synonyme de Chaos.


Bas relief représentant Seth

Ensuite vient Isis… et Nephtys. Isis est désignée dans les hiéroglyphes par un trône royal, c'est à dire la conscience/stable de sa parfaite relation au divin et de son pouvoir d’action. Nephtys, sœur et compagne de Seth, a en elle la même puissance intérieure que à son époux, mais reconnaît le potentiel du divin dans les forces de la nature et accompagnera Isis dans tout ses efforts de manifestation de la puissance du divin.


Fresque des deux soeurs Isis et Nephtys

Les deux puissances Osiris et Seth sont complémentaires mais aussi antinomiques, car Osiris est lié aux forces originelles d’Atoum, alors que Seth ne comprend que les forces de la matière, d’où sa nature tournée vers le chaos.
Dans le mythe, Osiris est tué par Seth, après quoi il est dépecé et éparpillé tout au long du Nil. Isis aidé d’Anubis réussit à retrouver toutes les parties de son époux (sauf le sexe selon certains textes). La vie revient quelques instants dans Osiris suffisamment pour qu'Isis s'unisse à lui et qu'ainsi naisse Horus.
Horus fils d'Isis et d'Osiris, sera désormais le maître de la terre d'Égypte, semblable à Râ. Osiris est mort. Il est devenu le maître de l'occident, le régent du monde des morts, et la terre d'Égypte est sous la loi de Maât, déesse qui est garante de l’harmonie du monde.


Fresque Représentant la déesse Maât

Voici donc le mythe qui garda intact la terre du Nil pendant plus de trois mille ans. Ce mythe au fur et à mesure des siècles et des changements de pensées, se transforma avec des commentaires aditifs, mais il est resté profondément ancré dans les consciences.


Photo du Nil

Pour plus de clarté et pour intégrer le texte qui va suivre, il nous faut revenir aux noms égyptiens des divinités, transformés par les Grecs, en voici la liste :
Ainsi Osiris est Ousir en ancien égyptien. Isis est Aset – Nephtys est Nebet-Hout – Horus est Hor – Thot est Djehouty – Anubis est Inpou – Amon est Imn – le serpent Apopis est Aapep – Apis est Hep – Selkis est Serket et Thouéris est Taoueret. C’est à peu près tout, les autres appellations des divinités n’ont été que peu transformées. Un dernier exemple est le Nil dont le nom égyptien est Iterou, divinisé sous la figuration du dieu Hâpy, un dieu androgyne : masculin et féminin.


Bas relief de divinités

N’oubliez pas : tout est double sur la terre de Kemet, et Maât est la déesse suprême, car elle maintient tout en équilibre, et est en cela la parèdre de Pharaon. En effet le pharaon est celui qui doit maintenir par les rites journaliers l’équilibre entre le temps et l’espace, entre l’évolution et l’entropie. Les rites quotidiens de l’Egypte ancienne ouvrent l’instant présent, maintiennent le monde du fleuve dans le vivant présent. C’est cela la terre des dieux…

Nous allons essayer de décrire les évènements qui ont façonné le mythe de l’Ennéade, dans un récit purement fictionnel, dans l'article suivant.
Pourquoi ? Parce que nos études des mythes et légendes nous ont démontré que certaines de ces histoires n’avaient pu qu’être sciemment inventés, qu’être élaborés dans un but éducatif car trop proche d’une structure archétypale universelle liée à la recherche du Divin.
Les mythes selon les historiens, auraient été inventés « ex nihilo », un soir de ciel nocturne sous les étoiles, dans l’esprit d’un berger ignorant. Cette conception qui a la vie dure ne tient que parce que nos brillants scientifiques ne peuvent accepter que les hommes de l’antiquité avaient les mêmes possibilités intellectuelles qu’eux-mêmes.
On se demande comment ces hommes d’il y a cinq mille ans ont fait pour concevoir et bâtir les pyramides, s’il étaient si niais.


L'Aède