Légendes de l'Aède

V Propp et Yini


La classification de Propp est très intéressante, malgré certaines difficultés à attribuer la fonction adéquate au texte choisi, simplement parce que ces textes sont très imaginatifs. Définir les éléments constants du conte part les fonctions des personnages, est tout à fait habile.


dessin de Ivan Bilibine

Comment Vladimir Propp est-il arrivé à cette intuition ?
Parce qu’il a eu la bonne idée de choisir, les contes merveilleux.
De plus, il est né en Russie et a eu la chance d’avoir à portée de main les contes du monde slave. Pour tous ceux qui ont abondamment lu ou entendu des légendes, les contes slaves sont particulièrement savoureux, ils sont pleins de péripéties et sont souvent très développés. Malgré l’inévitable brassage de ces histoires, les légendes russes et leur cousines qui ont gardé une trame relativement authentique, facilitaient de ce fait, la reconnaissance d’un cheminement de conscience intérieure.
Je pense aussi que ces histoires sont tellement proches de « l’âme » Russe, qu’elles ont servi de système éducatif spirituel. De quelle manière ? soit elles ont été inventées et conservées par une société spirituelle initiatique, soit elles ont été développées à partir du système religieux orthodoxe, en côtoyant les histoires saintes de la Bible. Les longues veillées de l’hivers russe ont certainement favorisé cette forme déguisée d’enseignement du sacré, directement dans les cœurs attentifs.


dessin de Ivan Bilibine

Alexandre Afanassiev a recueilli environ six cents contes et Vladimir Propp a puisé dans les contes merveilleux de ces ouvrages. Nous étudierons le conte-type 313, nommé "la fuite magique", avec le conte d’Afanassiev n° 64, paru dans la dernière édition, chez Imago, dans la traduction de Madame Lise Gruel-Apert.
La classification de Propp commence donc avec la définition de 31 fonctions et introduit des variantes à l’intérieur de ces fonctions.


dessin de Ivan Bilibine

Voici un tableau des trente et une fonctions en abrégé ainsi que le signe désignant la fonction…
1 - Un des membres d'une famille s’éloigne du foyer (Eloignement ). sigle beta
2 - Une interdiction est adressée au héros (Interdiction). sigle gamma
3 - L'interdiction est violée (Transgression). sigle delta
4 - Le méchant cherche à se renseigner ( Interrogation). sigle epsilon
5 - Le méchant reçoit l'information relative à sa future victime (Information ) sigle zeta
6 - Le méchant tente de duper sa victime pour s'emparer d'elle ou de ses biens (Tromperie) sigle eta
7 - La victime est flouée et ainsi aide involontairement son ennemi (Complicité) 0
8 - Le méchant cause un dommage à un membre de la famille (Méfait A - ou Manque a ).
9 – la nouvelle du méfait est divulgué. Demande ou ordre adressé au héros (médiation - transition) B
10 - Le Héros-Quêteur accepte ou décide d’agir (début de l’action contraire) C
11 - Le héros quitte sa maison (Départ) sigle lambda
12 - Le héros est soumis à une épreuve préparatoire suivi de la réception d'un objet ou auxiliaire magique (Première fonction du donateur). D
13 - Le héros réagit aux actions du futur donateur (Réaction du héros) E
14 - Un auxiliaire magique est offert au héros (Réception de l'objet magique) F
15 - Le héros arrive près de l'objet de sa recherche (Déplacement dans l’espace). G
16 - Le héros et le méchant s'affrontent dans une bataille en règle (Combat). H
17 - Le héros reçoit une marque (Marque). I
18 – L’agresseur est vaincu (Victoire). J
19 - Le méfait est réparé ou le manque comblé (Réparation ). K
20 - Le héros revient (Retour) V
21 - Le héros est poursuivi (Poursuite). Pr
22 - Le héros est secouru (Secours). Rs
23 - Le héros arrive incognito chez lui (Arrivée incognito). O
24 - Un faux héros prétend être l'auteur de l'exploit (prétentions mensongères). L
25 - Une tâche difficile est proposée au héros (Tâche difficile). M
26 - La tâche difficile est accomplie (Tache accomplie). N
27 - Le héros est reconnu (Reconnaissance). Q
28 - Le faux héros ou l’agresseur est démasqué (Découverte) Ex
29 - Le héros reçoit une nouvelle apparence (Transfiguration). T
30 - Le faux héros ou le méchant est puni (Punition). U
31 - Le héros se marie et monte sur le trône (Mariage). Wo

La huitième fonction est particulièrement intéressante, et elle est divisée en deux ;
VIII a pour signification : le méfait désigné par le signe A, et
VIIIa a pour signification : le manque, désigné par la lettre de reconnaissance a.


dessin de Ivan Bilibine

Voilà les phases de construction, mais il est étrange de démarrer cette classification par la lettre b, mais ceci évoque simplement le prologue nécessaire à toutes les histoires. Propp développe le sens de la huitième fonction dans son ouvrage…
« Cette fonction est extrêmement importante, car c’est elle qui donne au conte son mouvement ».
Et il poursuit : « D’une manière générale, les éléments A ou a sont indispensables dans tous les contes de la catégorie que nous étudions. Il n’existe pas d’autres manières de nouer l’intrigue dans les contes merveilleux ».
Il existe donc souvent dans les légendes une phase originelle décrite plus ou moins succinctement, avant l’histoire proprement dit. Une « genèse » que l’on retrouve préalablement dans les mythes. N’oublions pas cette phase quand nous étudions les légendes, et cherchons la cause de l’histoire en premier, ce que V Propp a fait très intelligemment.


Nous avons choisit un conte-type dans la classification AT, le 313, et placer sur ce conte, les fonctions de Vladimir Propp, puis nous installerons le système Yini, sur ce même conte.
Le système YinI que nous avons créer est simplement la description des trois phases habituelles d'une initiation, symbolisée ici par trois lettres : inI, avec en début le « moteur », le déclenchement de toute recherche de soi, de toutes quêtes symbolisé par un Y majuscule. Ce Y désigne le manque ou le désir primordiale à l'origine de toutes espèces de quêtes.
Nous avons choisie le conte 64 de l'ouvrage d'Afanassiev : Contes populaires russes, intitulé :
La Sorcière et la Sœur-Soleil.


dessin de Ivan Bilibine

Voici la trame de ce conte :
Le fils du Tsar, Ivan, est prévenu de la naissance de sa sœur, et devine que celle-ci est un monstre qui va tout détruire, et qu’Ivan doit donc décamper. Ivan prend le meilleur cheval et fuit.
Sur son chemin, il rencontre deux vieilles « Tire-l’Aiguille » puis il rencontre le vieux « Tourne-Chêne » et enfin « Tourne-Montagne ». A chacun il ne reste que peu de temps à vivre car ils auront bientôt fini leur ouvrage, défini par leur nom respectif, ces fins de vies prochaines sont bien tristes pour notre héros.
Le fils du Tsar arrive chez « la Sœur-Soleil » qui le recueille dans son palais. Mais quand il apprend que son pays a été ravagé, il veut retourner chez lui. La Sœur-Soleil finit par consentir à son départ et lui donne une brosse, un peigne et deux pommes merveilleuses qui ont le pouvoir de faire rajeunir. Ivan offre ces cadeaux aux deux vieilles « Tire-l’Aiguille » ainsi qu’à « Tourne-Chêne » et à « Tourne-Montagne », ce qui conduit aux faits suivants : la brosse jetée, fait naître de hautes montagnes, le peigne fait surgir une forêt de chênes et les vieilles croquent les pommes et rajeunissent. Les deux vieilles offrent à Ivan un foulard magique capable de se transformer en lac.
Ivan est revenu chez lui ; sa sœur l’accueille avec amabilité, mais il est averti par un souriceau qu’il doit fuir aussitôt car, sa sœur est partie s’aiguiser les dents. Ivan s’enfuit, pourchassé par sa sorcière de sœur.
Dans sa fuite le héros jette le foulard derrière lui, et sa sœur n’a d’autre choix que de traverser le lac ainsi crée à la nage, mais car elle est très rapide, elle bientôt elle talonne à nouveau Ivan. Le héros dépasse « tourne-chêne » qui amoncelles des chênes pour arrêter la sorcière. Puis c’est « tourne-montagne » qui jette une très haute montagne que la sœur parvient quand même à franchir.
La sorcière sur les talons, Ivan réussit à se réfugier au palais de « Sœur-Soleil ». Quand elle voit Ivan en sécurité la sorcière le met au défi : « que l’on nous pèse tous deux sur la même balance pour savoir qui l’emporte ! Si je suis la plus forte je le mangerai ; si c’est Ivan, qu’il me tue ! » chacun monta sur un plateau de la balance et Ivan est projeté au ciel, dans le domaine de la « Sœur-Soleil ».

dessin de Ivan Bilibine

Quelles sont maintenant les fonctions dans ce conte, que l’on peut reconnaître et classer selon Propp ?
La fonction n°11, le départ symbolisé par une flèche, lambda, est celle que nous trouvons en premier, ensuite la fonction 8, A, le méfait, la destruction de la famille d’Ivan.
La rencontre avec les personnages fabuleux pourrait être désignée par la fonction 12, D, qui est : la première fonction du donateur. Dans cette rencontre que l’on trouve dans ce conte-type, donne lieu à une preuve de bonne morale, d’éthique, ici la rencontre fait pleurer Ivan signe de son bon cœur.
Puit vient la fonction 22, Rs, le secours, l’abri chez la « Sœur-Soleil ». Dans le conte-type 313, cet abri sécurisant est rare, il est placé le plus souvent à l’extrême fin du récit.
Mais la nécessité de savoir comment se porte sa famille conduit à la fonction 9, B, le méfait est divulgué.
Ivan revient chez lui et reçoit un objet magique, voici la fonction 14 F. Ensuite vient la fonction 23, O, le héros arrive chez lui, (la trame de ce « 313 » est peu classique, ce qui ne l’empêche pas d’être très intéressante).
La fonction 6, eta, l’agresseur tente de tromper sa victime pour s’emparer d’elle se situe peu après. Nous sommes arrivés à la spécificité du conte-type 313 : la fuite magique. Nous voici devant la fonction 21, Pr, la poursuite.
La fonction 22, Rs, le secours, revient dans ce conte particulier, Ivan est secouru par les personnages fabuleux et par l’abri providentiel du palais de « Sœur-Soleil ».
En dernier vient la fonction 16, H, le combat.
Voici selon la classification Propp ; le conte ; La sorcière et la sœur-soleil : lambda A D Rs B F O eta Pr Rs H

La structure inventée par Vladimir Propp est une façon de classer les contes, mais quel est le sens de ce conte ?
quel est la structure permettant de classer et reconnaître les phases d’une initiation de quelque forme que ce soit ?


Propp défini les différentes situations et les phases d’un conte par les fonctions exercées par les personnages et reconnu que, malgré la grande différence entre les acteurs d’un rôle : ogre, diable, dragon, sorcière, seigneur, son activité spécifique reste la même. Propp a reconnu la cause de ces histoires : le méfait en A et également le manque a, comme nous l’avons vu plus haut. Mais dans une situation psychologique la perte de quelque chose peut déclencher le manque longtemps après et l’individu peut ne plus se souvenir de ce déclencheur. Dans ce cas le manque vient en premier dans certaines histoires. Le méfait, lui peut avoir différents sens, si l’on prend le mythe très répandu de la chute originelle, de quelle manière le manque se fera sentir ?
C’est ce que nous verrons par la suite…

dessin de Nicolai Kotcherguine

Voyons maintenant le système YinI.
Nous allons essayer de définir les phases du conte et leurs sens à l’intérieur de la trame. Yini se décompose en :
Y, pour l’élan originel, celui-ci est absolument nécessaire et doit être reconnu et découvert, (l’histoire et son thème de départ est très explicite en général). Propp l’a situé par les lettres A et a selon deux critères ; le méfait ou le manque. Nous verrons combien dans le conte-type 313, et d’autres, le manque est fondamental et implique donc une perte. Celui-ci peut être causé par un tiers ou bien par un acte personnel stupide, ou un oubli tout simplement.
Et les trois lettres suivantes : i. n .I. nomme les trois phases habituellement repérable dans une légende merveilleuse. Pourquoi ces trois lettres ?
Parce que c’est le début du mot initiation...
parce que Platon dans son ouvrage « le Cratyle » donne le sens du son produit par ces lettres ;
i, représente un élan, une impulsion et n, est employé pour définir ce qui est synonyme d’intérieur , ce qui se tourne vers l’intérieur.
Nous verrons que c’est ce qui se dégage de ces trois phases...
La première : i, est un élan vers … un but à conquérir….une quête…
C’est un phase de mouvement et de confrontation à des perceptions extérieures, amenant des réactions et ainsi une connaissance de ses pulsions et de ses capacités.
La seconde : n, est une phase dans un espace défini géographiquement et temporellement, où des épreuves et des choix sont mis en action, pour conquérir l’objet de la quête.
La dernière : I majuscule, dans le conte-type 313 est une fuite. C’est également un élan vers… mais après un changement profond, puisque l’objet de la quête est maintenant intégré.
Le but semble être le retour vers le foyer d’origine, mais le plus souvent, l’action de l’histoire s’arrête quand la victoire sur la sorcière ou le démon est effective.


dessin de Nicolai Kotcherguine

Nous allons placer les différentes phases YinI sur le conte : La Sorcière et la Sœur-Soleil…
Nous trouvons quatre espaces différents évoqués dans ce conte, trois sur la terre où se passe l’action, et un dans un palais situé dans le ciel, que le conte suggère . Chaque phase de temps-espace indique un état différent de conscience selon nous.
lambda A O n : celui-ci est l’espace du lieu de naissance.
D F Pr Rs : celui-ci est l’espace de transition.
Rs B : celui-ci est un espace de repos.
H : à la suite du combat, vient le ciel, espace de sauvetage réel, par rapport à celui du palais précédent qui était un espace de repos.
Cet espace est juste évoqué…
Il est évident pour chacun d’entre nous que chaque voyage que nous effectuons nous apporte des prises de consciences nouvelles. C’est bien évidemment pour cela qu’une initiation spirituel a souvent pris comme support de réflexion ces exemples d’histoires de quête et de voyages. Bien sûr, plus le pays d’origine de ces contes est différent du notre, plus la culture qui modélise notre regard, change ces histoires, ainsi que l’approche de notre propre structure intime. C’est pourquoi l’acuité de notre regard sur les légendes doit être attentive, car très souvent le sens et le but du conte sont donnés dès le début.


Dessin de Guennadi Pavlichine

Examinons un nouveau conte-type 313, dans les contes de Grimm celui-là. C’est le conte n°79,
L’ondine
dans la traduction de Natacha Rimasson-Fertin, aux édition José Corti, 2009.
Il est proche de celui de La sorcière et la Sœur-Soleil…
le début est différent : ce sont deux enfants, un frère et une sœur qui tombent par mégarde dans un puit, au fond de ce puit habite une méchante ondine. La mégère donne des taches impossibles à réaliser aux enfants et peu de nourriture à manger, aussi quand l’ondine est à la messe, le frère et la sœur s’enfuient. La petite fille avait pris trois objets qu’elle jette derrière elle : une brosse, un peigne, ayant la même fonction que dans le conte précédent et un miroir qui se transforme en une haute montagne lisse et infranchissable. La méchante ondine ne peut les rattraper et les enfants sont sauvés.

La classification de Propp nous donne :
- beta  : l’éloignement, ici c’est la chute
- A : le méfait , la détention des enfants
- D  : les héros subissent des épreuves, (sans les accomplir dans ce conte)
- Pr : la poursuite
- F  : objets à la disposition du héros
Voici le classement : beta A D Pr F
Peu de phases, car le conte est très court…, voyons le système géographique Yini : nous avons le pays d’origine où jouent les enfants,…
le voyage est très rapide puisque c’est la chute dans le puit… beta
le pays de l’ondine au fond du puit : A D
l’espace de transition :la poursuite Pr et la réussite à échapper à l’ondine : F.
Nous avons dans ce conte trois espaces géographique différents :
Le pays d’origine, le puit ou règne l’ondine, et le pays traversé lors de la fuite. Le conte stipule que les enfants sont sauvés mais ne parle pas du retour chez eux, le quatrième espace, ce qui est la norme pour ces légendes.
Ces trois phases désignent trois états : l’état de bien-être dans le pays d’origine, l’état de mise à l’épreuve dans le puit et le retour mouvementé, l’état de transition.
Ces trois états correspondent à trois phases vécues lors d’une initiation spirituelle ; un premier état est obligatoire : celui de la reconnaissance d’un manque ou d’une chute, et donc la perception préalable d’un état de perfection, de paix originelle. La phase succédant à la chute, ou consécutive à la connaissance d’un vide, permet à l’aide de l’attention la plus vive, de comprendre ce que nous sommes, ce qui nous meut : nos sentiments, désirs, volontés.
La phase des épreuves est celle de l’affinement de nos perceptions et connaissances, face au but clairement conscient maintenant de la nécessité du retour, ou de la parfaite conscience de soi. La troisième phase est celle de la transformation intérieure ; l’homme qui s’engage sur cette voie inverse son attention vers un espace-temps intime et découvre d’autres perceptions : en fait, il réorganise son existence vers un autre but.

Dans cette seconde histoire le sens est très proche de celle de l’histoire précédente, mais les phases sont légèrement dissemblables car cette légende est particulièrement originale.
Chaque histoire est différente et il est très difficile le plus souvent de dégager le sens ou les phases de ces contes.
La compréhension de leur sens est difficile, par la diversité des légendes, et de leur agencement propre à leur culture et aux nombreuses façons de les contées. Vladimir Propp eu l’intuition de chercher un principe aux légendes en prenant comme étude les contes merveilleux, car il avait perçu à travers ses nombreuses formes leur unité. Propp a eu l’idée de chercher cette forme dans le recueil de contes Russe d’Afanassiev, et exclusivement parmi les contes dits : « merveilleux ».
Son idée de génie a été de restreindre le choix de son étude à ce type de légendes et c’est ce qui lui à permis de percevoir la trame de ces légendes et d’entrevoir l’idée structurelle à l’origine de leurs créations.


Dessin de Guennadi Pavlichine

Les légendes completes, c'est à dire celles qui décrivent totalement une initiation - comme nous la trouvons dans Les argonautiques de Apollonios de Rhodes - sont rares, aussi Vladimir Propp n'a pas eut forcément axé à ces formes completes, et ainsi son système possède un manque...
Nous avons inventé trois autres sigles pour répondre à de nouveaux critères scénaristiques correspondants à une description complete de l'initiation. Ces critères sont sensiblement différent des autres fonctions de Vladimir Propp. Voyons :
1/ D’abord le héros réalise un acte répréhensible, comme dans notre exemple, le meurtre d’Absyrte. Cette autre possibilité peut désigné un crime ou un délit quelconque,
et j’ai choisi le point d'interrogation = ?
pour représenter cet action. Nous trouvons souvent cet acte violent quand le diable ou monstre principal envoie un de ces auxiliaires affronter le héros, cela peut-être un ogre ou un dragon, comme dans le conte indien de Sringabhuja.
2/ voici le second sigle que j'ai pris= D+ , qui n’existe pas dans la classification de Propp, .
La fonction 12 de V Propp, désignant les épreuves préparatoires, est figurée par = D, et cette fonction, comme les autres, peut être subdivisée en D1, D2, etc, selon les situations rencontrées. Dans notre récit, les ultimes confrontations lors de la dernière phase : après le mariage, sont très caractéristiques. Ces épreuves n’ont plus du tout le même sens que les précédentes, elles n’ont plus de fonction préparatoire, (fonction désignée par la lettre D), et ne peuvent pas constituer une autre subdivision. Ce sont bien des épreuves, mais elles n’ont plus pour fonction de purifier l’être dans le sens d’une évolution sur le chemin de connaissance de soi.
Dans les légendes cette action est plus abstraite et ne va pas dans le sens d’acquérir une quelconque valeur ou de posséder un trésor matériel.
La fonction D, n’est donc pas appropriée dans ce cas précis, et nous avons vu dans la description du texte, à travers le symbolisme de l’action sa raison principale.
Cette fonction : D+ , ne servira que très peu pour les légendes merveilleuses, car les épreuves purificatoires après la première union entre les deux principes : âme et esprit, symbolisés par un mariage le plus souvent, sont rares, sauf pour certains textes exceptionnels. Les légendes de « Cendrillon » de l’Asie du sud-est, dans la troisième partie de cet ouvrage en sont un parfait exemple.
3/ J’ai choisi le sigle : &pour décrire une nouvelle fonction.
Cette troisième fonction que nous trouvons dans de nombreux contes comme celui de « Eros et Psyché », représente la faiblesse du héros, sa chute ou sa déchéance lors des épreuves, ou lors du chemin. Cette défaite que l’on trouve en général à la fin du récit, commande obligatoirement le sauvetage du héros par une tierce personne, souvent un prince ou personnage très noble exprimant ou signifiant l’Esprit.
J’ai donc créé trois autres fonctions, représentant :
32/ L’acte délictueux du héros symbolisé par le point d’interrogation = ?
33/ Les nouvelles épreuves purificatoire = D+. et …
34/ Dernière faiblesse ou chute du héros = &
Pour que ce système reste compréhensible, il est nécessaire de ne pas trop le charger de possibilités scénaristiques, mais néanmoins ces trois fonctions m’ont paru vraiment utiles.


Dessin de Guennadi Pavlichine

le système de Vladimir Propp reste le plus simple et la forme la plus souple de classification qui soit pour permettre une étude systématique restreinte aux éléments déterminant. Il reste à parfaire quelques fonctions, soit pour les accorder aux légendes du monde entier, (V Propp était trop centré sur les légendes russes comme le démontre ses fonctions), soit pour accentuer le fond originel spirituel, que porte une grande partie des légendes universelles.
Peut-être dans un prochain article, je reprendrais Jason et quelques autres légendes et je poserais ce système de Mr Vladimir Propp avec ces trois nouveaux sigles....

L'Aède