La bête Ro
A Angoulins, non loin du pont de la Pierre, vivait un être fantastique avec un corps de forme reptilienne, et une intelligence presque humaine.
Il faisait sa nourriture des pècheurs et marins de la région, auxquels il tendait des pièges.
Ce monstre marin : la bête Rô, répandait la terreur sur la côte et nul n'osait s'attaquer à lui.
Le monstre trouvait d'ailleurs de sûres retraites dans les cavernes creusées en forme de puits au milieu des rochers de la côte.
Le port naissant de La Rochelle était comme en état de siège et toutes ses activités de commerce étaient immobilisées.
Nul ne sait par quel miracle les flots amènent un jour une nef toute blanche, montée par sept chevaliers vêtus d'armures étincelantes.
A leur vue la bête sentit le péril, et frémit de rage et d'effroi.
Mais rompue aux dangers et les méprisant, elle veut faire face à la mort. Reculant toujours ainsi en regardant ses adversaires, elle se trouve acculée au pont de la Pierre.
Là sept flèches l'atteignent.
Deux lui percent les yeux, deux autres les oreilles, deux se logent dans les narines.
La septième vient clouer la gorge de la bête qui, rendue furieuse par son impuissance, pousse d'effroyables hurlements.
En même temps, on entendit gronder le tonnerre et un bloc de roche énorme tomba du ciel et se brisa en sept morceaux autour d’un gouffre profond.
Les sept justiciers traînèrent la bête Rô jusqu’au trou et l’y précipitèrent.
Depuis, le monstre y est captif condamné par eux à demeurer là jusqu'à la fin des temps.
Et depuis, on l’y entend gronder les jours de tempête.
On voyait encore, il y a un certain nombre d'années, sur la pointe du Chai, ces sept pierres de granit disposées en cercle autour du gouffre bien rond, dont personne ne connaît pas la profondeur.
Voici une belle légende sur le pays d’Aunis, dont la plus ancienne version serait celle de l’abbé Mongis ; c’est la version de R.Colle et celle de D et P Jacquin que nous avons pris pour la retranscrire.
Maintenant, quels symboles trouvons nous dans ce texte évocateur ?
1 D’abord le dragon qui terrorise toute une région :
C’est un monstre marin reptilien, très intelligent, qui se cache dans les profondeurs des cavernes.
2 Ensuite un vaisseau qui se porte au secours des habitants de la région : c’est une nef blanche.
3 Puis sept chevaliers avec la particularité suivante : ils ont des armures étincelantes.
4 Sept flèches immobilisent le dragon en fixant chaque sens.
5 La chute d’un météorite qui se brise en sept morceaux.
6 Le dragon lié par ses sens, est jeté au fond d’un trou.
Voyons ensemble le sens de l’histoire :
La signification du dragon « 1 » est claire : se sont les forces du subconscient ou sur-moi selon Jung qui s’exercent sans mesure.
Une force brute plus ancienne de la nature, celle profondément enfouie au fond des entrailles de l’homme.
Il ne sagit pas ici de l’égo car l’égo est désir avant toutes choses, cette force brutale et obscure, totalement indomptable, c’est le sur-moi, force que les ésotéristes appelle l’être aural : le maître des forces de la personnalité humaine, celui qui mène à la folie.
Les forces ou capacités de la nature « 2 », symbolisées par le chiffre sept « 3 et 4 » vont combattre ce sur-moi.
Quel est cette nature ? : un vaisseau blanc, c’est à dire un réceptacle de forces nobles et justes. Un bateau est l’image parfaite d’une idée commune allant vers un but commun ; une parfaite école initiatique. Le blanc est une non-couleur symbole de pureté.
C’est le potentiel de cette énergie symbolisé par le sept ( les sept forces de manifestation : couleur – sons – etc..) qui va se démontrer, s’imposer.
Le réceptacle-vaisseau est pur : « la blancheur » et les forces en actions :
« les sept chevaliers » sont étincelantes, c’est à dire pleine d’énergies solaire. Le soleil ou l’or signifie la puissance liée au divin.
C’est cette puissance noble qui va immobiliser le pouvoir forcené du sur-moi, mais sans le tuer car la force de la nature divine ne peut détruire ce qu’elle a elle-même mis au monde. Les forces de la Nature ne peuvent que couper les sens permettant à cette puissance effrénée « 6 » de s’exprimer, d’être.
La "puissance" de l’homme doit être éduquée par l’expérience de la vie et se mettre au service de la Nature. La véritable Nature de l’homme qui connaît le sens intime de son existence et qui vit par cela en équilibre avec chaque vie, chaque parcelle de « matière » en mouvement sur cette terre.
Quand la force du moi aveugle de l’homme est maîtrisé, alors survient un signe du ciel « 5 » le sceau qui scellera l’action menée a bien.
Ainsi, l’équilibre est revenu et la grande expérience de la vie peut de nouveau suivre son cours.
L'Aède